Culture : 10000 catalans à Bruxelles le samedi 7 mars

10000 à Bruxelles... {JPEG}Ce qui rapproche le plus les Rouergats des Catalans, c’est certainement la langue. L’occitan et le catalan sont deux langues soeurs, qui ne se sont différenciées qu’au XIIIème siècle et qui n’ont jamais cessé, depuis, de s’influencer mutuellement.

Les aveyronnais en voyage ont toujours été frappés par les mots familiers qu’ils retrouvaient à Perpinya, Girona, ou Barcelona [1]. Les manuels scolaires catalans rendent hommage à l’occitan, la langue des trobadors et de Frédéric Mistral, qui était parlée à la cour des comtes de Barcelona et que les intellectuels du XIXème siècle portaient en estime. Notre système d’enseignement est loin de faire preuve de la même considération pour notre langue historique.

Nous sommes aussi liés au catalans par notre histoire. L’influence des comtes de Barcelone s’est longtemps étendue bien au-delà des territoires catalans, en Aragon, en Languedoc, en Provence, dans toute la Méditerranée occidentale, mais aussi en Rouergue. En 1050, le vicomte du Rouergue Richard II aidait la maison de Barcelone à reconquérir Tarragona. En 1112, Ramon Berenguer III, comte de Barcelona, devenait vicomte de Milhau, du Gevaudan et du Carlades en épousant Douce de Milhau. Les rois d’Aragon renonceraient à leurs droits sur Millau au profit du roi de France en 1258.

Par la suite, les liens économiques persistèrent. Des allées et venues des scieurs de long "gavatxos" en Catalogne jusqu’au XIXème siècle est né l’un des symboles de notre identité : le couteau de Laguiole, croisement entre la navalla catalane et le capujador de l’Aubrac.

Bref, les catalans nous sont proches, et ils en sont conscients. Ils font souvent preuve d’un grand respect envers notre culture. Le seul endroit au monde où l’occitan jouit de l’officialité est la Val d’Aran, sur le territoire de la communauté autonome catalane. Là-bas, l’occitan est la langue de l’école et des services publics, aux côtés du catalan et de l’espagnol. Lors des manifestations pour la langue occitane de Carcassonne (2005) et Béziers (2007), les catalans n’ont pas hésité à venir nombreux et à insuffler une ambiance festive.

Samedi prochain, plus de 10000 catalans feront le voyage jusqu’à Bruxelles pour revendiquer leur droit à l’autodétermination. Cet événement, libre de toute attache partisane, est né d’internet et du bouche à oreille. Il exprime avant tout l’exaspération de certains catalans vis-à-vis des institutions espagnoles, qui bloquent la validation du nouveau statut de la communauté autonome, voté à 90% par leur parlement il y a trois ans. Statut qui, accessoirement, accorde l’officialité à l’occitan sur tout le territoire catalan...

Des renseignements sur la manifestation sont accessibles sur ce site. Le nouveau statut de la Catalogne est disponible à cette adresse, le dernier alinea de l’article 6 porte sur l’occitan

[1Par exemple : la rue se dit "carrer" (carrièira en occitan), marcher se dit "caminar", fermer la porte "barrar la porta", avec "amb", aussi "també" et, surtout, on s’embrasse en se faisant de "petons" (potons en occitan).